lundi 30 mai 2011

Maestria !



Le visage vrillé et tendu à l’extrême, les yeux mi-clos, immobiles, presque inaccessibles aux regards des spectateurs, l'homme est pris tout entier dans son art, il laisse courir ses doigts légers et habiles sur les touches nacrées de son instrument. La musique le transporte à mille lieues des soucis matériels, la faim et la soif ne le tenaillent plus, la fatigue n'a plus aucune prise sur lui, l'espace d'un moment, d'une mélodie, il se soustrait des contingences et nécessités terrestres car la musique a ce pouvoir divin.
C'est la langue ultime, universelle, elle transcende toutes les autres formes de langage, elle les rend obsolètes, pauvres dans leur essence.
Embarqué dans son voyage mystique et féerique le musicien ne perdra jamais pied, même sa technique si chèrement et patiemment acquise durant de longues années d'apprentissage, il la survolera, comme oubliée, perdue dans les méandres et les circonvolutions de son cerveau habité.
Puis viendra le moment du retour, les sens affûtés, grisés par tant de bonheur et de joie ne désireront bientôt plus que repos et calme, le corps se fera alors plus lourd plus pesant, la vie reprendra ses droits.

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