lundi 30 mai 2011

Maestria !



Le visage vrillé et tendu à l’extrême, les yeux mi-clos, immobiles, presque inaccessibles aux regards des spectateurs, l'homme est pris tout entier dans son art, il laisse courir ses doigts légers et habiles sur les touches nacrées de son instrument. La musique le transporte à mille lieues des soucis matériels, la faim et la soif ne le tenaillent plus, la fatigue n'a plus aucune prise sur lui, l'espace d'un moment, d'une mélodie, il se soustrait des contingences et nécessités terrestres car la musique a ce pouvoir divin.
C'est la langue ultime, universelle, elle transcende toutes les autres formes de langage, elle les rend obsolètes, pauvres dans leur essence.
Embarqué dans son voyage mystique et féerique le musicien ne perdra jamais pied, même sa technique si chèrement et patiemment acquise durant de longues années d'apprentissage, il la survolera, comme oubliée, perdue dans les méandres et les circonvolutions de son cerveau habité.
Puis viendra le moment du retour, les sens affûtés, grisés par tant de bonheur et de joie ne désireront bientôt plus que repos et calme, le corps se fera alors plus lourd plus pesant, la vie reprendra ses droits.

lundi 23 mai 2011

Je deviens jardin...

Plus un souffle de vent, l'air s'étire , se détend , ultime respiration du jour qui s'achève paisiblement
Le parfum capiteux des roses enivrées par le soleil , les relents sucrés des fraises trop mûres et des cerises écrasées au sol après la cueillette, s'y mêlent les notes encore timides de la lavande.
Les trilles en cadence des bergeronnettes et des roitelets , le piaillement affamé des corneilles lorsque leur mère revient au nid
Au loin le jappement d'un chien

Assise sur le banc la chaleur de la terre envahit mes jambes, je laisse cette quiétude universelle s'installer en moi, je deviens jardin, fleur, oiseau, ciel, crépuscule

mercredi 18 mai 2011

entre-deux

























No man's land ourlé de rêves, période bénie ou honnie, l'enfance est cet entre-deux, cet espace temps, où se construit un être en devenir un être à part entière.
Elle est cette porte que l'on franchi nu comme un ver pour arriver conquérant sur des territoires vierges et inconnus, tantôt hostiles, tantôt accueillants, souvent drôles et amusants, mais aussi parfois un peu déconcertants.

Pas de raccourcis sur ces terres exigeantes et parsemées d'amertume mais des chemins de traverse à profusion pour s'abreuver de songes et d'illusions.

mardi 17 mai 2011

Déesses-mains

Balbutiantes, tremblantes et moites, elles me découvraient
encore effarouchées par ces courbes et déliés, surtout émues devant ces contrées inconnues
Elles s'enhardissaient, s'aventuraient, tantôt virevoltantes, tantôt fébriles et bouillonnantes
Je m'abandonnais à leur effleurement tendre et captivant
Je palpitais à leur rythme
Démiurges passionnés, elles me façonnaient patiemment, faisant parcourir l'onde originelle à chaque cellule de mon épiderme
Mon corps vibrait, résonnait et chantait sous les caresses de tes déesses-mains
Oui, elles seules, par leur danse mystique faisaient jaillir cette sensualité extatique
Dieu, que je les aime tes déesses-mains !

lundi 16 mai 2011

Couleur de jaspe


Les vagues couleur de jaspe viennent mourir avec fracas et panache sur les sombres rochers du bord de mer. Comme dans un dernier râle, un ultime soupir, des odeurs marines s'en échappent tout de suite aspirées par le vent du large.

Les embruns scintillent de mille feux dans la lumière du jour, ils se déposent sur nos vêtements tels des perles irisées, des opales, des saphirs ou des rubis.

samedi 14 mai 2011

Lavis


Des nuées noires de pluies remplissent le ciel ce matin, elles accrochent et caressent les crêtes dans leurs folles cavalcades.
L'air qui nous entoure celui-là même que nous respirons devient lourd, il nous enveloppe, se cristallise, s'insinue jusque dans nos corps, pénètre chaque cellule et nous leste de son eau.
Tel un lavis, le crachin teinte le paysage de ses nuances de gris.

L’œil perdu dans le lointain je marche insouciant, le visage embruiné mais serein et souriant, car ta main est là, dans le creux de la mienne.

dimanche 8 mai 2011

Vibrations atomiques


Se jeter corps et âme dans la ronde et jouir de l'instant, se perdre bienheureux dans le tourbillon des désirs et des plaisirs et s'abandonner, se laisser glisser dans les bras de l'autre et se fondre en lui.
Quintessence olfactive de deux corps qui s'aiment, les fragrances intimes s'assemblent, se chevauchent, puis se dissolvent pour mieux s'unir à nouveau et créer ainsi un parfum unique, fort puissant et doux à la fois.
Les corps englués et brillants de sueur vibrent puis soudain résonnent, accord parfait, accord majeur, recherche de la note juste, de l'harmonique, de la fondamentale.

Communion, fusion, extase.... vibrations atomiques.